alors le hippie, toujours pacifiste ?
c’est une question que je me pose chaque jour en ce moment. et il me faut toute la force de mes convictions pour ne pas sombrer dans la violence, dans la réaction, dans le combat légitime contre le pouvoir en place.
L’épidémie de Covid 19 questionne comme jamais dans l’ère moderne les libertés civiles et le droit à la vie privée. Et pourtant, personne ne se pose cette question. À mesure que l’autoritarisme se répand, que les lois d’urgence prolifèrent, que nous sacrifions nos droits, nous sacrifions aussi notre capacité à stopper le glissement vers un monde moins libéral et moins libre. Croyez-vous vraiment que, lorsque la première vague, la deuxième vague, la 16e vague du coronavirus seront un souvenir oublié depuis longtemps, ces moyens de surveillance ne seront pas conservés ? Que ces ensembles de données ne seront pas stockés ? Quel qu’en soit son usage, nous sommes en train de bâtir l’architecture de l’oppression.
– Edward Snowden, interview à Vice.com, 10 avril 2020.
je suis un homme blanc, je vis protégé dans mon village, je suis pauvre et n’ai aucune influence. ma parole est certainement inutile, elle ne libère personne, ne rend justice à personne. mais elle me libère moi, c’est déjà ça.
homme, mari, père… que faire devant cette oppression mondialisée,
informatisée, sacralisée par les lois et autres décrets nauséabonds qui
fleurissent dans tous les états ?
me revient une question apparue à la mort de Remi Fraisse
(puis-je oser dire “assassinat” ou va-t-on me “rafler” pour ça ?) :
dois-je rester avec mes enfants pour les protéger du monde ou dois-je lutter pour protéger l’avenir de mes enfants dans ce monde ?
je me repose la même question en ce moment. j’ai de plus en plus de mal à
conserver mon calme, à rester de marbre, inactif.
macron parle de guerre, trump fait la guerre, d’autres menacent d’une guerre
si vraiment ce monde part en guerre contre moi, l’anarchiste déclaré,
quelle doit être ma conduite ?
puis-je encore fuir avec ma famille ?
puis-je abandonner ma famille pour partir en guerre ?
puis-je laisser ma femme et mes enfants, qui seront, j’en suis certain,
fiers de moi, fiers de mon combat ?
et si je combats, quelles seront mes victimes ? quelles seront mes cibles ?
je ne me vois pas manifester avec un panneau, je ne me vois pas défiler avec
une banderole. si vous suivez ce blog depuis quelques temps, vous savez que
je porte les idéeaux de l’anarchie pacifiste avec ferveur.
mais cet idéal auquel j’aspire est-il vraiment d’actualité ? le monde, les
humains sont-ils prêts à assumer pleinement leur liberté, à prendre leurs
responsabilités ? sincèrement, je ne le crois pas, je ne le crois plus.
alors une fois que j’ai écrit cela… où vais-je, que faire ? laisser le champ libre à mon instinct de survie ? mon instinct paternel protectionniste ? bref… à quand le arpi avec sa batte et le reste des accessoires, en chasse, en colère, en furie,…
je commence à ressentir de l’animosité envers toute personne postant des
chatons joyeux, des screenshots linux, des photos de vacances et autres choses
futiles et tellement loin de l’actualité que cela en devient indécent à mes yeux.
je sais aussi que le vie n’est pas qu’un combat et qu’il faut garder une
certaine légèreté car dans le fond.... à la fin … on fini toutes et tous par
y passer. le tout est de savoir comment y passer…
en se cachant ? en faisant comme si ? en luttant ?
il faut de tout pour faire un monde comme disait arnold (le frère à willy, pas schwarzy ;) ) mais tout ne signifie pas n’importe quoi. et j’en ai marre du n’importe quoi. marre de ces humains qui se croient tout permis ou plutôt, qui se donnent la permission du n’importe quoi !
toi, la femme de flic, tu ne te réveilles pas la nuit en te disant que ton fils,
le fils de ton voisin, de ta meilleure amie, pourrait mourir écrasé par ton mari
et ses potes en bleu ?
toi le flic qui t’es engagé pour protéger la population, tu arrives à dormir en
sachant que tes collègues pourraient tabasser ton fils pour une futilité ?
toi le député, le ministre, qui a une si haute vision de l’état et de sa
démocratie, tu ne cauchemardes pas en pensant à nos libertés (et les tiennes
sans vouloir chipoter) que tu baffoues par lacheté, par “moutonisme” ?
la femme du flic qui a assassiné George Floyd a demandé le divorce. merci Madame !
et maintenant que les groupes anarchistes brûlent des voitures dans les parkings
privés, je ne sais plus quoi en penser. je condamne la violence sous toutes
ses formes, mais comment blâmer la violence militante, réactive, légitime face
à la violence d’état ?
attaquer avant d’être raflé. c’est la dernière question à laquelle je dois
répondre. la dernière question qui déterminera sans doute le reste de ma vie,
la dernière question avant de passer outre le hippie et redevenir le gars en
colère, celui que je fuis depuis des années, que j’enferme au plus profond de
moi et qui se réveille chaque nuit, dans mes cauchemards, et que je retrouve
chaque jour, devant les infos, devant nos gouvernants, devant une réalité
qui me prend à la gorge.
ma réponse à toujours été pacifiste : l’utilisation de la violence quelle qu’elle soit provoque, de fait, de nouvelles victimes qui auront, à leur tour, toute légitimité à user de violence, entrainant les deux parties en place dans une spirale de violence bien connue et décrite depuis des siècles. de par cette conviction, ma réponse : la non-violence.
et maintenant ?
tout ce que je sais, tout ce que je vois, c’est que la non-violence profite aux vilains. la non-violence ne sert que les intérêts des nantis, des hommes de pouvoir (plus ou moins grand) et ne se termine jamais par l’inculpation des violents, mais plutôt par celle des victimes, au final.
alors que faire, maintenant que j’ai déballé tout ce qui me taraude ?
lorsque je relis ces quelques lignes anodines sur ce blog tout aussi anodin,
sincèrement, je ne vois pas de pacifisme, je ne ressens pas la paix. et même…
j’espère la lutte, j’envie le combat, je ne reste chez moi que par amour
pour ma famille et certainement par grande lacheté.
… de plus en plus de mal à me regarder en face.
alors la suite parait logique, évidente, humaine, militante… révolutionnaire.
à la question posée en titre de ce post, je n’ose répondre comme je le pense vraiment, car ce serait punissable par une loi que je méprise, par un système qui me dégoute, par des gouvernants qui s’en tapent de moi, de toi, de nous.
vous qui vous battez pour mes droits et mes libertés, celles de mes enfants, merci !
vous qui risquez vos vies en manifestant, merci !
quand je vois que même Omar Sy manifeste dans les rues de New-York,
ça me fait un peu mal au cul de rester assis sur le mien.
… alors pour faire court, la réponse est non.