at[h]ome

nous sommes tous différents, c'est notre point commun...

la fin et le début

la fin et le début

Bonne Année !!

bah oui, au moins ça pour commencer
elle vient de finir, une autre débute… nous rappelant inévitablement ce temps qui s’écoule, nous invitant à regarder en arrière, à nous projeter en avant, à profiter du présent…
mais on peut pas tout faire en même temps

faire des trucs… ce que je fais le mieux avec un clavier, c’est construire des distros. alors oui, c’est assez complexe comme ‘travail’, mais ce n’est absolument pas l’aspect technique qui est le plus difficile à gérer.
la technique, c’est comme les maths : il suffit d’être logique et d’appliquer proprement les bonnes formules. non, le plus difficile quand on construit une distro, c’est l’humain.

je vous préviens de suite… ça va un peu durer parce que c’est pas si simple à écrire tout ça…

c’est drôle la vie parfois. rien de philosophique là-dedans.. c’est du premier degré.
ce qui est drôle, c’est que Cascador me cite dans un très bel article parlant des “développeurs solitaires”, et m’interpelle à propos de l’ego :

faut-il être humble ou arrogant et prétentieux pour donner sa propre vision d’une distrib Linux ? Pour moi il faut être humble, prêt à se remettre en cause, prêt à apprendre, prêt au probable échec, prêt à la critique. Mais on va demander un article à Arpinux pour répondre hé, hé, hé.”

pour répondre rapidement, je reprendrais ma page d‘1nfos

ego osef
non, sérieux, il en faut un minimum pour oser poser et livrer quoi que ce soit aux autres. je tente de maintenir ce minimum vital présent afin de continuer à communiquer avec mes contemporains, mais également de le contenir dans cet état afin qu’il n’empiète pas accidentellement sur celui d’un autre.

pour aller plus loin, au sujet de l’humilité et la prétention, je dirais “les deux mon capitaine”.

lorsque je développais livarp, seul pour tout faire du début à la fin, sans aucun compte à rendre à personne, j’étais d’emblée dans une situation de monopole intellectuel et éthique : personne pour me remettre en question à part moi, et personne pour critiquer mes choix techniques à part les bugs. et c’est vrai qu’il faut tout de même être prétentieux pour oser proposer une distribution aussi minimale et orientée CLI en plein essor de Compiz3D (à l’époque du premier livarp, une Debian minimale avec DWM pour finir avec un livarp garni de 12 sessions indépendantes).

HandyLinux, c’est l’opposé du livarp. que ce soit pour la cible visée ou pour la méthode de construction. lorsque guantas est arrivé avec son idée de “distribution pour les pas très jeunes et les pas très doués” (c’est le titre original du premier post), j’ai trouvé ça cool et je me suis proposé pour suivre le mouvement et offrir mes compétences de builder. dans cette situation, je suis entièrement soumis aux choix de la communauté. mais aussi aux contraintes techniques. cette situation m’oblige à oublier mon ego et faire preuve d’une grande humilité. dans ce cadre, j’avoue que je suis très mal compris. malheureusement, lorsque j’exprime une opinion technique, c’est contre moi qu’on râle et pas contre le problème technique qui m’empêche de satisfaire la communauté.

et j’en arrive à ce qui est drôle…
au moment où Cascador poste son article, une polémique enfle au sein du staff HandyLinux. le genre de polémique où chacun avance ses arguments et où on à tous l’impression de parler dans le vide… les causes et le déroulement sont sans importance maintenant, car je quitte HandyLinux après la sortie de la prochaine release prévue pour fin janvier.
je l’ai annoncé au staff mardi soir en ces termes :

(…) le but n’est pas de compter les points. le but est de mener un projet à bien.
ce projet a été initié par guantas. c’est un fait.
j’ai pris le dev en main car je passais par là, mais les sources sont libres et peuvent très facilement être reprises par un autre dev sans aucune conséquence pour handylinux. ça aussi c’est un fait.
je n’aurais pas l’audace de me comparer à mr pomme : handylinux peut être reprise par une quantité de dev compétents et certainement plus ouverts que moi.

alors voilà. je vais sortir HandyLinux-2.3 fin janvier et je prépare tranquille la reprise d’handylinux par un bon. ne vous inquiétez pas, je vais pas ragequit.
quand on regarde les choses dans leur ensemble, c’est peut-être une très bonne méthode de changer de dev tous les 2~3 ans pour garder une dynamique forte, une implication, une jeunesse.

(…)
prendre des décisions, expliquer, justifier, réexpliquer, être “responsable”… je crois que c’est tout ça qui me va pas. c’est tout ce que j’ai fuit en quittant montpellier et mon job de “patron”.
j’adore contribuer, ou mener ma barque en solo comme sur livarp.
mais je dois avouer que c’est un effort quotidien de travailler en équipe et vivre cette collégialité pour moi.

j’en ai plus rien à faire de qui à tord ou raison, je m’aperçois juste que le poste était pas pour moi en fait : compétence et capacité sont deux choses différentes finalement … dans un sens comme dans l’autre.

(…) guantas a initié un projet, j’y ai mis 2 ans de ma vie, je trouve que c’est cool.

je vais livrer une release propre et fonctionnelle, bien construite avec les sources et les dépôts qui vont bien. les sources sont bien documentées, la documentation sera mise à jour pour les améliorations portées sur HandyLinux-2.3, mon 5° enfant va naître au mois de Mai… c’est le bon moment pour passer la main en fait.
si on fait abstraction de tout ce merdier, si je vous avais tranquillement annoncé que “je partais pour raison familiale”, vous auriez compris non ? après 2 ans de taf, j’ai un peu droit à des “vacances” ?

je crois beaucoup aux comportement révélateurs d’état d’âme ou d’état d’être.
si j’ai si mal géré cette situation (car quoi que je pense, si on en est arrivé là, c’est parce que j’ai pas trouvé le bon moyen de régler ça de façon diplomatique), c’est certainement parce que c’est pas à moi de gérer ce genre de trucs pour l’instant.
je suis obligé de reconnaître que j’ai merdé sur le coup, alors loin de moi l’idée de me victimiser ou de vous apitoyer, je constate juste que c’est normal que je ne gère pas bien ce genre de truc… c’est pas pour moi tout simplement.
moi, je sais pas être le gars diplomate et consensuel. même avec toute ma (bonne) volonté, j’arrive pas à ce truc du compromis. ça me laisse toujours un arrière goût pourri.

donc voilà, juste pour dire que je vous aime et que je vous laisserais pas dans le caca, je serais un garçon “responsable” autant qu’il m’est possible de l’être.
bis@+
arp

depuis, Thuban et Starsheep se sont proposés pour assurer le suivi, merci à eux.

… voilà… avoue, cher Cascador, que ton article tombe à point nommé !
dans ton article, tu parles de réussite, de talent et d’humilité. donc, merci déjà
mais il manque une chose pour moi : la confiance.
pour bien construire une distro, j’ai besoin d’être sûr que tout le monde va dans le même sens. pas le mien, ce n’est absolument pas un truc de pouvoir. j’ai besoin que tout le monde dialogue, discute, décide d’une direction. et on s’y tient.
on peut changer d’avis en cours de route, mais encore une fois, il faut qu’on en discute avant afin que tout le monde sache où aller.
c’est ma façon de fonctionner. j’ai tenté le zigzag, mais ça imprime pas dans mon cerveau

le soucis est qu’HandyLinux est une distribution zigzag … le pire pour moi en fait … tout remettre en question à chaque fois pour le moindre truc… la collégialité.
le principe de collégialité est vraiment efficace mais surtout épuisant si il repose sur une seule personne au final, car chaque détail doit être expliqué et justifié. le but est un consensus permanent entre les attentes des utilisateurs et les capacités du staff à y répondre. depuis deux ans, c’est moi la capacité à répondre. et c’est une très mauvaise idée de concentrer toutes ces responsabilités sur une seule personne.
je ne me plains absolument pas, je me suis proposé pour chaque tâche que j’accomplis : personne n’est venu avec un couteau pour m’obliger à quoi que ce soit
c’est juste que j’ai pas vu le danger arriver, ou peut-être l’ai-je ignoré lors des premiers troubles au sein de notre collégialité.
quoiqu’il en soit, cette aventure de deux ans m’aura permit d’en apprendre plus sur le système GNU/Linux et sur moi-même, sur ma capacité à gérer certaines situations. et je ne suis pas un enfant du numérique.
la plupart de mes contemporains contributeurs arrivent à faire la part des choses, à séparer leur vie numérique de leur vie IRL… pas moi.
et en plus, j’ai un mal fou à me faire comprendre par écrit semble-t-il… donc au final… “chef de distro”, c’était vraiment pas pour moi !

je passe sur le chapitre des remerciements… les gens que j’aime le savent.

je vais maintenant entrer dans un univers que j’ai quitté il y a un bail … celui de l’utilisateur lambda, tranquille avec son ordi : lorsqu’il plante un truc, ça plante pas les dépôts d’une distribution. quand il prend position, il ne représente pas une communauté. quand il change d’application, il n’a pas à se justifier…

la fin et le début … je n’ai aucune idée ce que sera mon prochain début, mais je sais qu’au moment où j’écris ces lignes, je marque la fin d’une période de ma “vie numérique”.

++

arp

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