ce qui ne se dit pas
et là, vous m’attendez sur le politiquement correct …
alors que ne résonne en moi que la douce mélodie de
quelques cordes effleurées.
le cerveau, la conscience, la réflexion, le travail sur soi … blah… blah.. mais on en oublie les fondamentaux : le pouvoir exceptionnel des émotions. alors oui, elles obscurcissent nos pensées, troubles nos idées, nous font parfois perdre la tête.
mais certaines émotions, recherchées, emplissent mes yeux de larmes
et mon cœur de joie : dans le regard de mon enfant, dans les bras de
l’être aimé, ou plus simplement, les oreilles scotchées à ces notes qui,
en une fraction de fréquence, déclenchent chez moi l’orgasme indescriptible
que seule la musique peut m’apporter.
pardon chérie, mais tu sais que je t’aime :D
musicien de formation (solfège, conservatoire, violon), j’ai rapidement
arrêté tout ça car, la puberté venant, je n’avais plus le temps de me
consacrer pleinement à mon instrument.
les femmes causèrent la perte de mon talent… il me reste l’oreille,
le cœur, et le lien qui les accorde.
je ne ferais pas la liste des 240 Go qui peuplent mon dd “Music”,
mais vous ne passerez pas à côté de quelques morceaux choisis.
(liste vraiment pas exhaustive).
commençons par le commencement : ma première fois.
ce premier orgasme fut provoqué par une femme de plus de 60 ans (j’en avais
alors 10) qui, alors qu’elle souffrait d’arthrite, se mit au piano pour
m’accompagner sur un mouvement de Nicolò Paganini.
ce qui ne se dit pas … se vit.
et alors que ce violon m’était jusque là étranger, il devient un prolongement
de mon émotion, un lien vers celle de l’autre. j’ai compris ce jour là
qu’aucun mot, aucune “activité” ou sensation ne pourrait remplacer cette
vibration fabuleuse.
l’année suivante, le violon en moins et le sud de la france en plus, je me
plongeai avec avidité dans les cartons du déménagement pas encore déballés
pour y trouver la vieille platine Dual et les tonnes de 45t et 33t qui
l’accompagnait. je ne regrettais aucunement mon violon, j’avais tous les
instruments des autres dans les oreilles, s’accordant au travers de
l’énorme casque philips qui débordait sur mes joues.
c’est alors que mon deuxième orgasme, cette fois-ci provoqué par ce cher
Joe (Cocker), changea brutalement l’émotion douce et légère, l’apaisement,
en une rage explosive et sexuelle (je sentais sans savoir encore…
jeune couillon que j’étais) qui ne me quitta plus. de Led Zeppelin à Jimi
Hendrix, de The Who à Deep Purple, j’avais la rage sans déconner !
et c’est par surprise que l’apaisement revint, sous la forme d’un album magique,
Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band et son final sans pareil…A day in the
life. ce mariage entre pop et classique m’initia au mélange des genres, plaisir
délicieux que je redécouvris quelques années plus tard avec le concert SM de
Metallica orchestré par Michael Kamen.
après l’album des Beatles, mon oreille a accepté de s’intéresser à des styles plus doux, plus subtils, et c’est alors que j’ai découvert le blues, en restant dans les classiques car je ne suis pas spécialiste, mais quel bonheur de se laisser aller à cette mélancolie mélodique, rocailleuse, ponctuée et cutée… le cut, cette rupture du tempo qui te tient en haleine, ce suspens rythmique qui, je ne le savais pas encore, me ferai un jour apprécier la transe Goa…
la musique “moderne” ne me satisfaisait guère… seuls Prince, Queen (version ‘79),
ou encore Radiohead provoquaient de réels émotions.
enfin non, je mens. le rap, le hip-hop et la dance aussi provoquent chez moi
certaines émotions, mais je n’ai pas le talent de fredbezies pour métaphoriser
à propos de cette merde.
en aparté, fred nous offre régulièrement dans son blog, ses découvertes musicales … surprenantes … merci fred (et en plus il achète les albums.)
et puis un jour, derrière mon bar, à 5h du matin, mon ventre entendit Daft Punk.
une révélation. car bien sûr, beaucoup d’artistes me remuent les tripes, mais
généralement, ça passe d’abord par les oreilles… lorsque Rollin’ & Scratchin’
surgit… oui, j’ai pas honte, j’ai pleuré en dansant comme un taré ! la dernière
fois que j’avais ressenti un truc pareil en dansant, c’est sur Won’t get fooled again
en fin de service dans le même bar.
des Daft, je suis passé à la transe et j’y retrouvais certaines harmonies de Are you
Experienced associées aux ruptures rythmiques de Get Ready (vitesse x2).
depuis, même si j’apprécie certains morceaux, je retourne toujours à mes classiques pour éprouver l’orgasme cosmique.
c’était hier.
mais aujourd’hui, après avoir écouté, ré-écouté, encore et encore cet Ocean, j’ose le dire, j’adore John Butler. et je pèse mes mots (lourd pour un anarchiste, l’adoration.) car pour la première fois, j’aimerais vraiment être lui et pas seulement profiter de lui et de son talent.
bon trip, jm’en roule un…
++
arp