at[h]ome

nous sommes tous différents, c'est notre point commun...

hétéro par défaut

hétéro par défaut

je croyais avoir l’esprit ouvert.
je n’ai jamais été fan des blagues homophobes.
les quelques homos que je connaissais ne paraissaient pas mal à l’aise en ma compagnie.

et pourtant, au bar, buvant une bière à 12°, je me souviens avoir dit “c’est pas une bière de pédé”.
et pourtant, quand la question de l’adoption par un couple gay est arrivée, j’ai ressenti une étrange sensation, comme une gêne.
et pourtant, je me souviens avoir détourné le regard devant deux hommes qui s’embrassaient. je ne sais plus si je l’ai fait par pudeur ou pour un autre raison moins courtoise.

(r)évolutions d’un hétéro par défaut.

la question de l’hétérosexualité ne s’est jamais posé pour moi. je suis un homme qui éprouve du désir pour les femmes. le constat est simple et n’a jamais été ambigu.

j’ai été élevé dans un environnement purement hétéro mais sans homophobie latente, mon père étant très respectueux par principe (merci @toi) et assez fin dans son humour pour éviter les grands standards des blagues de l’époque (noirs, belges, homos … souvenez-vous michel leeb… tout en finesse).
dans le même temps, curieux de nature, je me suis demandé si je ne ratai pas quelque chose de spécial… après tout, plusieurs de mes idoles de jeunesse étaient gays ou ‘icônes gays’ (Freddie Mercury, Elthon John, ABBA… non j’ai pas honte ).

profitant donc d’une soirée de libre, je me rendais dans la “boîte gay” à la mode à Montpellier, rasé de prêt et dans mon plus beau jean levi’s blanc (non j’ai toujours pas honte, c’était les années 90 :P). accoudé au bar depuis une bonne heure, toujours seul, je commençais à me demander pourquoi tout le monde décrivait les gays comme étant entreprenants et volages… j’avais un certain succès avec les filles – à l’époque – je voyais pas pourquoi je ne plaisais aux garçons.
faisant part du calme assez pesant au barman, j’ai eu la surprise de voir son visage s’illuminer dans un rire tout ce qu’il y a de plus gay, sans jeu de mot ni sectarisme… il surjouait simplement pour bien se foutre de moi !
après avoir ‘repris son souffle’, il se pencha vers moi, et sans que je lui ai expliqué quoi que ce soit …

non mais ça se voit que t’es hétéro, t’attends pas à te faire draguer…

je lui racontai alors la raison de ma venue, et il n’a rapidement plus été tout seul à se foutre de moi… on s’est bien marré, j’ai passé une excellente soirée, et j’ai confirmé mon hétérosexualité… gay’approuved si je puis dire :D

quelques années plus tard, on a ouvert un ‘after’, comprenez, un bar ouvert de 5h du matin à 13h, avec DJ et techno à fond pour se finir après la boîte de nuit… tout un programme.
le premier matin, à l’ouverture, c’est un travesti qui passa la porte en premier. Fifi pour le ‘nommer’ car je l’adore. Elle et ses copines sont rapidement devenues des habituées et je dois constater que le stéréotype disant que les gays sont de bons clients… bah c’est vrai : jamais une baston, jamais de crédit, toujours merci et au revoir en partant : le rêve du barman.

mais pourquoi tu nous raconte ça ?

pour vous expliquer dans quel état d’esprit je me trouvais lorsque les grandes questions du mariage pour tous et les débats suivants ont déchiré l’opinion publique : je me croyais tolérant. je croyais être un “homme bien”. dans mon rapport à l’homosexualité en tout cas.

et pourtant, quand la question de l’adoption par un couple gay est arrivée, j’ai ressenti une étrange sensation, comme une gêne…
je ne comprenais pas pourquoi ça m’arrivait, je me suis même entendu dire que “quand même … c’est pas normal” … quelle horreur. j’en ai honte encore maintenant.
devant une telle réaction de ma part, j’ai du faire appel à toute ma réflexion pour identifier et éradiquer le sale réflexe de l’hétéro par défaut : j’étais persuadé d’être normal. parce que quand même … “c’est comment qu’on fait les enfants ??”… quelle connerie !
comme si la biologie commandait à l’amour, aux sentiments, aux désirs. comme si la science pouvait déterminer qui on a envie de prendre dans ses bras, à qui on a envie d’exprimer physiquement ses sentiments, avec qui on a envie de faire l’amour.

nous ne sommes pas normaux, ils ne sont pas marginaux.
nous sommes des humains dotés de la plus belle des capacités : aimer. et on ne choisit pas qui on aime.
bonus ultime : les humains peuvent exprimer physiquement cet amour, en pleine conscience, non pas par besoin biologique ou envie de procréation, mais pour faire l’amour.

cet amour mérite une union,
cet amour mérite une reconnaissance,
cet amour mérite un fruit.

merci pour votre temps

++

arp

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