at[h]ome

nous sommes tous différents, c'est notre point commun...

j'ai pleuré

aujourd’hui, pas de debian, d’informatique ou autre futilité… journal d’un apprenti dev debian … aujourd’hui, c’est journal. la morale, la religion et le pouvoir nous ont appris que la violence “c’est mal” .. alors on culpabilise, on ne veut pas être violent… et puis un jour, les gendarmes débarquent chez toi car tu va être exproprié, car des gars ont décidé que ton terrain il rapportera plus de fric si c’est eux qui s’en occupe. et on appelle ça “l’intérêt général”… la grosse blague. l’intérêt de quelques uns surtout, au détriment de tous les autres.

tu es pacifiste, mais tu vois tout le travail d’une vie réduit à néant pour que 3 cols blancs s’en mettent encore plus dans les poches … alors ça t’agace un peu… faut pas trop agacer le peuple. autant tu peux le manipuler et faire joujou pendant les campagnes électorales, faire le beau gosse dans les interviews télévisés, lui faire croire qu’il a absolument besoin d’un iphone…

autant un jour, le peuple il en a marre de ne jamais être réellement représenté. alors il arrête de voter le peuple (c’est ce qui se passe depuis quelques années déjà), puis il arrête de croire le peuple, et puis enfin, il dit NON le peuple. et depuis la nuit des temps, quand le peuple a dit non, les grands sont tombés et tous ceux qui courbaient l’échine, les moutons, se sont retrouvés comme des cons.
la société bouge, avance, évolue, et pas dans le sens qui arrange les puissants. les peuples du monde bougent.

agir ? mais comment ? le vote ne fonctionne pas, nos représentants ne nous représentent plus. la manifestation pacifique, ils s’en tape, ils attendent que ça passe. la manifestation musclée ? tu tombe sous le coup de la loi, et tu deviens un terroriste. faire confiance à celles et ceux qui ont construit le système pour réparer ou réformer le système ? c’est absurde comme idée, même si c’est ce qu’on fait depuis des années.

je suis père de 4 enfants. j’assure leur éducation et leur instruction à la maison avec ma femme. j’ai décidé de leur dire la vérité : non, le nucléaire, c’est pas propre. oui, il faut acheter des produits alimentaires locaux, et ce genre de choses. mais surtout, je vis dans un monde ou je suis obligé d’expliquer à mes enfants que les gens censés les protéger, en fait, ils s’en tapent… ils peuvent venir demain, car on leur a donné un ordre. il n’y pas de bien ou de mal, pas d’humanité, juste un ordre donné. et c’est ça, le monde dans lequel ils vont vivre.

alors d’un coup, le paysan exproprié, c’est moi. le manifestant violenté, c’est moi. le sdf harcelé, c’est moi, l’algérien contrôlé dix fois par jour, c’est moi. et les autres ? et bien ce sont mes ennemis. ce sont des gens qui pourront sans aucun scrupule, frapper ma femme, gazer mes mômes et me mettre en prison, juste car je refuse le pouvoir établi par d’autres. juste parce que le monde qu’on me propose n’est qu’une course sans fin à la croissance, dans la négation totale de toute logique naturelle.

j’entends celui qui me dit que le chantier lui a permis de trouver un travail, et qu’il peut nourrir sa famille. mais à quel prix ? et à quoi ça sert de nourrir sa famille aujourd’hui si les ressources sont épuisées demain ? je peux comprendre mes parents, ils n’étaient pas informés comme nous le sommes. mais mes enfants comprendront-ils que je sois resté là, à la maison, en sécurité pour les instruire, pendant que la planète crie, pendant que les peuples hurlent ?

la meilleure façon de transmettre des valeurs, est-ce de les exprimer, de les expliquer; ou de les incarner…

et puis Rémi est mort.

j’ai pleuré. je n’ai pas compris pourquoi tout de suite. d’abord par pure tristesse, par simple compassion. mais aussi car la veille du drame, on se demandait avec ma femme lequel de nous deux irait à sivens. lorsque nous en avons parlé, aucun de nous n’aurait pu imaginer un instant mourir dans une manifestation écologiste. notre questionnement portait surtout sur l’organisation avec nos 4 enfants à garder à la maison. bref, nous n’y sommes pas allé, et je le regrette aujourd’hui. je ressens une sorte de honte, comme si en restant chez moi, même si je remplis mon rôle de chef de famille, même si personne ne me reproche rien, je trahissais ce que je représente.

oh mais môsieur “représente un truc ?” oui, mon devoir est de faire en sorte que ma famille se sente aimée et en sécurité, car c’est comme ça que chacun de ses membres pourra s’épanouir et faire ses choix. mais si le monde vers lequel je dirige mes enfants est cette chose injuste et violente que je vois dehors… quel est mon devoir ? on est loin des grandes réflexions sur la liberté d’expression et la morale. on est dans la réalité simple d’un monde en perdition dans lequel je vais bientôt plonger mes enfants.

je suis pacifiste. certes. mais on se retrouve avec 1% de la population mondiale qui dirige le monde, 90% qui suivent le mouvement et vont même jusqu’à cautionner les abus de pouvoir (ils aimeraient en profiter eux aussi…), et les 9% qui restent tentent désespérément d’empêcher le désastre “pacifiquement”. alors que me reste-t-il comme champ d’action ?

de la servitude moderne - rage against the machine - killin’in the name of

le jour ou la honte sera plus forte que le désir de protéger mes enfants en étant proche d’eux. je serai l’un d’entre eux. pardonnez-moi de ne pas y être déjà.

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